Alerte mondiale sur l’effondrement des droits des travailleurs

La Confédération syndicale internationale (CSI) vient de publier l’édition 2025 de son Indice des droits dans le monde, qu’elle présente à l’occasion de la Conférence internationale du travail réunie en ce moment à Genève. Le rapport révèle un recul sans précédent des libertés syndicales et des droits des travailleuses et travailleurs. Seuls sept pays sur 151 obtenant la meilleure note. L’Europe et les Amériques, autrefois bastions de protections sociales, enregistrent désormais leurs pires résultats depuis la création de l’indice en 2014.
La France épinglée pour des violations réitérées
La France maintient une note de 2, avec des violations réitérées, comme la majorité des pays européens aussi en dégradation. L’UNSA partage pleinement les préoccupations de la CSI, qui pointe des évolutions régulièrement dénoncées par notre organisation syndicale.
Parmi les faits marquants :
- Près de 40 % des conventions collectives en France sont imposées unilatéralement par les employeurs, sans réelle négociation collective.
- Des réformes successives – comme celles de l’assurance chômage ou de la protection sociale – participent à l’érosion des droits sociaux.
- Le droit de grève a été bafoué, notamment par l’instauration de services minimum imposés, en violation des cadres légaux sur la négociation collective.
- Même les avocats français se sont mobilisés contre des réformes touchant la justice des mineurs, illustrant une défiance croissante envers les réformes imposées sans dialogue.
Des chiffres mondiaux accablants
À l’échelle mondiale, le constat est encore plus dramatique, avec seulement trois pays ayant obtenu une meilleure note en 2025 :
- Dans 72 % des pays, l’accès à la justice pour les travailleurs est limité ou inexistant, un record historique.
- Le droit de grève est violé dans 87 % des pays et la négociation collective dans 80 % d’entre eux.
- Les pires pays pour les travailleuses et travailleurs en 2025 sont : Bangladesh, Bélarus, Égypte, Équateur, Eswatini, Myanmar, Nigéria, Philippines, Tunisie et Turquie.
- Des syndicalistes ont été assassinés pour leurs engagements en Afrique du Sud, au Cameroun, en Colombie, au Guatemala et au Pérou.
Extrême droite et dérive autoritaire : un contexte aggravant
Ce recul généralisé s’inscrit dans un contexte de montée de l’autoritarisme et de l’extrême droite, notamment en Europe. L’Italie, par exemple, voit sa note passer de 1 à 2 après une série de mesures restreignant le droit de grève et le dialogue social, signe de l’impact de la politique gouvernementale. La dérive autoritaire dans l’élaboration des politiques est une tendance lourde, dénoncée par la CSI dans son rapport.
Ce climat répressif est accentué par une concentration croissante du pouvoir économique entre les mains de quelques ultra-riches qui orientent les décisions politiques au détriment du bien-être collectif. Une véritable offensive mondiale contre la démocratie et les syndicats est en cours.
Défendre les droits fondamentaux
L’Indice 2025 constitue un signal d’alarme pour tous les acteurs du monde du travail. L’UNSA réaffirme son engagement à défendre les droits fondamentaux des salariés et à lutter contre toutes les formes d’autoritarisme social.
Il est urgent de renforcer l’action syndicale, de préserver les espaces de dialogue social et de garantir un avenir plus juste et plus démocratique.
Pour en savoir plus : Indice CSI des droits dans le monde : rapport 2025